Chronique d'un Grand Soir

Un soir, ayant raté le dernier métro après un collage d'affiches, je suis resté dormir au local de l'Organisation. Au milieu de la nuit, une militante venue de l'étranger, une camarade que je ne connaissais pas, est venue prendre place à coté de moi. Nous nous sommes présentés dans le noir. Elle avait quatre ou cinq ans de plus que moi. Elle disposait d'un sac de couchage, moi pas. Sous prétexte de froid, elle m'a invité à le partager. Toute la nuit, nous avons fait semblant de dormir, mais en nous caressant. Au petit matin, quand elle est repartie prendre le premier métro, je dormais pour de bon, si bien que là encore je ne l'ai pas vue. Je connaissais le corps de cette femme, la forme de ses seins, de son cul, mais de son visage, je n'avais pas la moindre idée, je ne l'aurais pas reconnue dans la rue. J'étais toujours puceau, pourtant j'avais joui je ne sais plus combien de fois. C'est une des expériences sexuelles les plus troublantes de ma vie.