Fantômes, pas si fantômatiques que ça.

Comparée à la juive, la religion chrétienne est bien organisée. Lorsqu'elles quittent ce bas monde, les âmes catholiques savent à peu près ce qui les attend. Quelques unes vont aller en enfer, et la plupart au paradis. Sur cette question si délicate, les Juifs n'ont rien prévu. Une fois décédés, qu'ils se soient bien conduits ou non, ils ne savent pas où ils doivent se rendre, en attendant le Jugement Dernier. Rien d'étonnant dans de telles conditions, qu'ils soient nombreux à vouloir rester là, à revenir sur les lieux qu'ils ont hantés vivants, se méler de la vie de leurs descendants.
Il y a quelques jours, j'ai entendu à la radio une écrivaine exposer cette théorie. Ayant pris l'émission en cours, je n'ai pas relevé son nom. Je ne sais même si elle était elle-même juive, probablement que oui, car elle expliquait ainsi la présente selon elle, courante, des fantômes dans les romans des écrivains issus de cette confession. Je ne sais pas si elle faisait allusion au mien.
"Malgré les circonstances particulières qui avaient présidé à son décès, Abraham Rabbinowicz bénéficia de funérailles en règle; Tandis qu'il reposait dans sa chambre à coucher, les parents, les voisins, virent lacérer leurs vêtements, et lui demander, par des cris véhéments, pardon pour tous les torts qu'ils lui avaient causés.......Huit hommes, choisis dans les meilleures familles, les chargèrent sur leur épaules, et l'emmenèrent au cimetière.
Le chemin à parcourir n'était que d'un kilomètre tout au plus. Mais le cortège suivit un chemin emprunta des chemins si détournés que la nuit était tombée quand il atteignit son but.
Cette lenteur extrême était de mise à tous les enterrements. Connaissant la propension de certains morts à s'occuper de la vie des vivants, ceux-ci avaient imaginé ce moyen ingénieux à concilier le respect qu'ils devaient à leurs aînés, avec une légitime aspiration à celui de leur vie privée: Embrouiller l'itinéraire du dernier voyage, afin que le jour où les morts s'aviseraient de l'emprunter dans le sens opposé, ils ne s'y retrouvent plus, et rebroussent chemin. Le pavé originel. Le roman.

Chronique d'un Grand Soir

Un soir, ayant raté le dernier métro après un collage d'affiches, je suis resté dormir au local de l'Organisation. Au milieu de la nuit, une militante venue de l'étranger, une camarade que je ne connaissais pas, est venue prendre place à coté de moi. Nous nous sommes présentés dans le noir. Elle avait quatre ou cinq ans de plus que moi. Elle disposait d'un sac de couchage, moi pas. Sous prétexte de froid, elle m'a invité à le partager. Toute la nuit, nous avons fait semblant de dormir, mais en nous caressant. Au petit matin, quand elle est repartie prendre le premier métro, je dormais pour de bon, si bien que là encore je ne l'ai pas vue. Je connaissais le corps de cette femme, la forme de ses seins, de son cul, mais de son visage, je n'avais pas la moindre idée, je ne l'aurais pas reconnue dans la rue. J'étais toujours puceau, pourtant j'avais joui je ne sais plus combien de fois. C'est une des expériences sexuelles les plus troublantes de ma vie.

A mon tour de passer aux aveux

On m'interroge souvent sur les relations entre les scènes du roman, ou de la Bd, avec des évènements réels, des évènements que j'aurais vraiment vécus. Ma réponse est que tout est vrai, même ce qui ne l'est pas. J'ai vraiment fait partie, en tous les cas, d'une organisation politique se réclamant du marxisme et de la révolution. Nous portions tous un pseudonyme sauf moi, qui avait refusé. Je ne craignais guère la police politique, et que Henri Weber, et Olivier Besancenot veuillent bien me pardonner, je ne croyais pas beaucoup à notre crédo. Je croyais en revanche que le sexe en dehors du mariage m'était interdit, j'étais donc puceau, et je m'étais convaincu que le jour où la révolution serait survenue, cette interdiction serait levée. Un peu comme les Témoins de Jehovah au Jugement dernier, ou certains musulmans à la présence de vierges au paradis attendant les martyrs de la réligion, je pensais, un peu confusément, je l'avoue, que ceux qui se seraient dévoués pour la révolution, verraient le moment venu les femmes leur tomber dans le lit. Adam Pianko

En arrière plan (1)

Mon rapport à l'école se détériora très tôt. Ce fut un long et très pénible parcours. Ma timidité et mon manque d'assurance me mettaient constamment en porte-à-faux avec tout ce qui se passait en classe. L'autorité du maître ou de la maîtresse, la présence des autres autour de moi, la rigidité de l'enseignement et des horaires, ainsi que le choix imposé des matières.

C’est donc à l’age de 8 ou 9 ans, vers 1967 /68 que j'ai commencé à trouver refuge dans le dessin. Un fait déclencheur fut le feutre marker, une grande découverte pour moi( et de l’époque ?) qui reléguait les crayons de couleurs aux oubliettes. Des couleurs magnifiques et une odeur enivrante…

Les examens, les dictées, les interrogations écrites et pires encore les interrogations orales, me terrifiaient à un tel point

que j’avais le sentiment d’être abandonné seul sur un champs de bataille au milieu des explosions d’obus, et de mes viscères déjà répandues dans la boue.
Winz

Traumatisme crânien...