En fait c’est plus compliqué que ça.
Ce n’est pas seulement mon rapport au scénario qui m’a retenu si longtemps de refaire un album. C’est aussi parce que j’avais beaucoup de mal à assumer mon dessin. Je ne l’aimais pas du tout ( avec le recul je trouve que j’était dur avec moi-même, mais c’est pas certain… ). Quand une de mes Bd paraissait dans (A SUIVRE), il m’était impossible d’ouvrir la revue. Voir mes planches à côté de celles de Tardi et Pratt, me rendait malade. J’aurais du être flatté, j’en avais rêvé dès le n°1 d’(A SUIVRE) que j’avais eu entre les mains à sa sortie en 78. Mais non, c’était un supplice !
Alors je me suis réfugié dans l’illustration et la Bd pour enfants. Le public lecteur est vaste, mais on reste anonyme. Les gamins s’en foutent la plupart du temps de connaître l’auteur des dessins. Tant mieux. Comme l’a dit Utrillo « Je voudrais être illustre est inconnu ».
Pour ça rien de mieux que l’illustration, justement !
Donc j’ai fait plein de petites BD documentaires ou sur des personnages illustres (encore), particulièrement pour ASTRAPI et IMAGES DOC . Et puis j’ai aussi fait le « nègre », pas vraiment occulte, puisque mon nom figurait au générique, pour CATEL.
Merci Catel, pour qui et grâce à qui j’ai dessiné dans un style qui n’était pas du tout le mien ! J’ai fait pendant 2 ou 3 ans, 5 planches mensuelles de crayonnés pour la série BOB & BLOP qui paraissait dans IMAGES DOC. C’est grâce à ça que j’ai pu passer d’un style plutôt réaliste et travaillé à un style plus rapide et jeté.
J’ai également réalisé 4 storyboards d’albums pour la série BORO REPORTER, chez CASTERMAN. Là, j’ai compris mon goût pour la mise en scène et la narration. Et j’ai vraiment pris mon pied ! Ne plus s’emmerder avec les détails ! Ne plus s’emmerder à compter les boutons d’un uniforme chaque fois qu’on le dessine. Sur une seule planche de BD ça peut se répéter des dizaines de fois ! En plus il y à des lecteurs qui vous écrivent pour vous engueuler, si vous vous trompez, parce que eux ils les comptent !!
Finaliser une planche c’est l’étape qui m’a toujours paru la plus difficile à maîtriser. Du coup, stress. Le résultat n’étant jamais à la hauteur de ce que j’avais espéré.